Pourquoi la robe blanche pour se marier ?

Robe de mariée Chine. Le rouge, couleur de l’amour et de la rose. La robe de mariée est à la femme ce que les pétales sont à la rose : une parure qui recouvre sa nudité

Au fait, pourquoi la mariée doit-elle porter une robe blanche à l’occidental ?

Il existe une diversité de robes de mariée dans le monde. En vérité, chaque grande ville ou région du monde a sa robe de mariée blanche, rouge et de toutes les couleurs. La femme est partout dans le monde, symbolisée par une rose ou par une fleur. La robe de mariée est à l’image des pétales qui couvrent la nudité de la fleur. Ces pétales ou cette robe de mariée est souvent rouge – couleur de l’amour et de la rose – mais elle peut avoir aussi une diversité de couleurs, comme on peut le voir sur ces images :

Porter une robe de mariée, c’est porter le Beau sur soi

Porter une robe de mariée, ce n’est pas simplement porter une robe. C’est porter une certaine esthétique, c’est porter un symbole et c’est porter des valeurs. Et chaque personne est libre de penser, de vivre et de s’habiller comme elle l’entend :

« Pas de contrainte dans la religion (…) »[1].

Qu’est-ce que l’islam a d’essentiel à dire sur l’esthétique, les symboles et les valeurs que l’on porte à travers un vêtement ?

Porter une robe de mariée, c’est porter le Beau sur soi. La beauté d’un homme ou d’une femme, est un don de Dieu, un dépôt qui lui est confié. Comme tout don reçu, la beauté est destinée à être cultivée :

« Dieu est beau et Il aime la beauté (…) ».[2]

Il n’y a aucun mal à porter une robe blanche ou noire ou pleine de couleurs. L’esthétique est une affaire culturelle, propre à telle ou telle sensibilité régionale ou individuelle. Ceci étant dit, porter la robe de mariée propre à sa tradition, celle de ses parents, c’est une occasion unique pour se reconnecter au meilleur du passé, à travers ses témoins, ses vieux et ses vieilles qui font du mariage l’occasion de raconter non seulement l’histoire d’une robe, mais aussi l’histoire d’une région, le savoir-vivre, l’art de vivre en couple, l’art d’être femme…

Porter une robe de mariée, c’est porter un symbole

Porter une robe de mariée, c’est aussi porter un symbole : celui de sa dignité ou à l’inverse, celui de sa soumission et de son aliénation. L’islam est un Appel éternel à la dignité humaine : ne jamais agir par conformisme aveugle et encore moins par complexe d’infériorité. Porter une robe blanche par complexe d’infériorité vis-à-vis de l’occident ou vis-à-vis des plus riches, n’a pas la même valeur que porter une robe blanche pour honorer une tradition familiale ou culturelle : dans le premier cas, on perd sa dignité, dans le second cas, on la cultive.

La robe blanche est devenue un standard pour toutes les mariées au XXe siècle, avec les colonisations et la domination culturelle de l’occident. Les créateurs de modes et de tendances ont su mondialiser la robe blanche via le cinéma notamment, à travers la petite princesse Cendrillon par exemple, ou encore à travers la diffusion des images de mariage de célébrités. De la même manière que Gandhi avait intériorisé cette idée : « Etre beau, c’est être comme les britanniques : peau blanche, habillé en costume… », la femme d’aujourd’hui, dans toutes les cultures, a intériorisé cette idée : « Etre belle le jour de mon mariage, c’est porter une robe blanche ».

Depuis quelques dizaines d’années, la robe blanche devient le baromètre ou l’instrument de mesure du degré de mondialisation d’une société, de même que le nombre de restaurants Mac Donald que l’on compte dans un pays.

En se mondialisant, la robe blanche a tué des milliers de robes dans le monde, pourtant toutes plus belles les unes que les autres. En se mondialisant, elle a incrusté dans le cœur des femmes un complexe d’infériorité vis-à-vis de leurs robes de mariée de leurs traditions respectives.

En effet, il existe un complexe d’infériorité très fort chez les hommes et les femmes du Sud vis-à-vis des sociétés occidentales, des provinciaux vis-à-vis des parisiens, des femmes de tradition étrangère vis-à-vis de femmes de tradition française.[3] Aujourd’hui, ne pas porter de robe blanche peut être le symbole et l’acte de résistance au conformisme mondial généralisé à notre façon de manger (l’industrie alimentaire qui abîme le corps et la terre), de nous soigner (l’industrie pharmaceutique qui crée autant de maladies qu’elle n’en guérit), de penser (l’industrie de l’information ou les médias qui ont le monopole de la « vérité »), etc. 

De même qu’il existait encore récemment plus de 11 324 variétés de pommes[4], l’organisation mondiale du commerce impose de n’en cultiver et de n’en consommer que quelques-unes. Cette réduction de la diversité des fruits, on la retrouve dans la réduction culturelle, dans la variété des robes de mariée réduites à disparaître au profit de la robe unique et blanche.

Ainsi, refuser de porter la robe blanche, ce peut être le premier acte symbolique d’une résistance contre le désordre mondial, et un effort de reconnexion avec le meilleur de la tradition locale. Aimer et porter la robe de mariée de sa tradition, c’est sauver la diversité culturelle, c’est être soi-même un rempart contre tout pouvoir politique uniformisateur.

Porter une robe de mariée, c’est porter des valeurs

Enfin, porter une robe de mariée, c’est aussi porter des valeurs : une certaine pudeur qui se traduit par le fait d’éviter de porter une robe courte, transparente ou près du corps ; d’éviter toute beauté ou richesse ostentatoire, qui est un signe d’expression d’une forme de domination vis-à-vis des autres. Porter une robe blanche occidentale de tradition moderne avec son lot de partis pris moraux (vêtement transparent, moulant le corps, et découvrant les formes), c’est imiter non seulement une esthétique mais aussi une morale qui n’est pas fidèle à tout le courant des femmes croyantes qui sont nos modèles inspirants : Eve, Marie, la mère de Moïse, les femmes de tous les prophètes (paix sur eux tous), etc.

Bien évidemment, « l’habit ne fait pas le moine », porter une robe pudique ne signifie pas qu’on est pudique. La pudeur ne s’exprime pas uniquement à travers la robe que l’on porte. Ce n’est pas parce qu’une femme porte une robe de mariée plus longue, plus ample et moins transparente qu’elle est pudique et sainte par ailleurs. Elle peut être pudique dans son vêtement et manquer de pudeur et même de savoir-vivre dans son attitude, par exemple en parlant à tue-tête de sa vie privée publiquement sur son téléphone portable…

La pudeur s’exprime – pour une femme comme pour un homme – à travers sa façon de s’habiller mais aussi sa façon de parler avec délicatesse, de marcher avec modestie, dans sa façon d’être avec les autres et avec Dieu.

C’est savoir-vivre que rappelle par exemple le sage Luqman à son fils :

« Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c’est bien la voix des ânes »[5].

Dieu promet le bonheur et la réussite à toute personne qui porte le vêtement de la pudeur et de la modestie, y compris dans sa façon de faire la prière :

« Bienheureux sont certes les croyants, ceux qui sont humbles dans leur prière »[6].

La pudeur est donc une qualité globale, à la fois intérieure et extérieure, spirituelle et esthétique. C’est l’effort de cohérence entre le fond et la forme, entre ce qu’on est vraiment et l’image qu’on donne de soi à l’extérieur. Lorsque le fond et la forme se contredisent, il y a alors un problème de communication : on envoie deux messages contradictoires. L’éthique résout le problème de communication en invitant chacun – femmes et hommes – à mettre en cohérence le fond et la forme, le vêtement que l’on porte et le message qu’on renvoie à travers ce que l’on porte. Le vêtement n’est pas uniquement une affaire individuelle : c’est un objet de communication avec les autres. En tant qu’objet de communication avec les autres, le vêtement que l’on porte dit à l’autre quelque chose sur l’esthétique et sur les valeurs que l’on porte, quelque chose sur ce qu’on est et l’image que l’on transporte.

Même si toute la pudeur et toute la piété ne se jouent pas dans le vêtement que l’on porte, elles se jouent aussi dans le vêtement.

L’islam est une sagesse universelle qui rappelle à chaque être humain le sens juste et profond des choses. En ce sens, la piété n’est pas une qualité simplement formelle (porter un habit religieux, porter une barbe ou un voile…). Le vrai croyant ne maquille pas son injustice avec le vêtement de la religion :

« Ceux qui ont cru et n’ont pas habillé leur foi par le vêtement de l’injustice, ceux-là ont la sécurité ; et ce sont eux les bien-guidés »[7].

La piété est une qualité globale, intérieure (ses intentions, ses sentiments…) et extérieure (ses paroles et ses actes). Comme le rappelle le Coran, c’est une qualité intellectuelle (la vision de la vie) et spirituelle (le désir de plaire à Dieu dans les situations quotidiennes), secrète (dans la vie privée) et sociale (dans les relations et les actions avec les autres) :

« Etre pieux ne consiste pas à tourner vos visages vers le Levant ou le Couchant. Etre pieux, c’est plutôt croire en Dieu, au Jour dernier, aux Anges, au Livre et aux prophètes, de donner de son bien – malgré l’amour qu’on en a –, aux proches, aux orphelins, aux nécessiteux, aux voyageurs indigents et à ceux qui demandent l’aide et pour délier les jougs, d’accomplir la prière et de s’acquitter de l’impôt social purificateur (al-zakah). Et (sont pieux) ceux qui remplissent leurs engagements lorsqu’ils se sont engagés, ceux qui sont endurants dans la misère, la maladie et quand les combats font rage, les voilà les véridiques et les voilà les vrais pieux »[8].

Porter le vêtement de la piété et de la sobriété joyeuse

En conclusion, il n’y a aucune obligation à porter une robe blanche. En revanche, chaque personne doit se faire la plus belle en portant le symbole de sa dignité, en portant ses valeurs de pudeur et de sobriété joyeuse. S’il est vrai que « l’habit ne fait pas le moine », il est tout aussi vrai que la robe blanche ne fait pas la mariée, et que la « robe » de la vraie piété reste la plus belle :

« O enfants d’Adam ! Nous avons fait descendre sur vous un vêtement pour couvrir votre nudité (fonction morale du vêtement), ainsi que des parures (fonction esthétique) – Mais le meilleur vêtement est celui de la piété – C’est là un des signes de Dieu. Peut-être s’en souviendront-ils ! »[9]


Notes :

[1] Coran 2 : 256

[2] Hadîth du prophète, selon ‘Abdullah Ibn Mas’ûd, rapporté par Muslim

[3] Des sociologues ont mené le test de la poupée blanche et la poupée noire. Ils ont demandé à des enfants noirs de montrer laquelle des deux poupées est la plus belle, gentille… Ils Garçons et filles noirs jugent systématiquement la poupée blanche plus belle, plus gentille, plus intelligente… que la poupée noire. Ce test montre à quel point le dominé intériorise le jugement du dominant. Voir le test : https://www.youtube.com/watch?v=FDFe1e8yno0   

[4] Source : site Internet spécialisé dans les pommes : http://pomologie.com/pomme1

[5] Coran 31 : 19

[6] Coran 23 : 1-2

[7] Coran 6 : 82

[8] Coran 2 : 117

[9] Coran 7 : 26

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[…] « Pas de contrainte dans la religion (…) »[1]. […]

Fulana
3 années

Salem

Intéressant et joliment écrit 🙂
Qui a écrit l’article ? Je serais curieuse de lire d’autres articles de cette personne.